Ici, on ne badine pas avec la glisse: 96 % des vacanciers sont des accros. Chaque hiver, 1,2 million de skieurs et snowboardeurs dévalent les 220 km de pistes du domaine skiable, le plus haut de France. Il culmine à 3600 m d'altitude, couronné par un vaste glacier équipé qui reprend, en outre, du service tout l'été et pendant les vacances de la Toussaint. À dominante bleue et rouge, les pentes sont larges, les arbres rarissimes et le panorama omniprésent, typique de l'Oisans, ce haut massif isérois qui fait la soudure nord-sud des Alpes françaises. Ses propres sommets en imposent, telle cette Muzelle hiératique (3465 m), la montagne des Deux-Alpes par excellence. Impossible d'échapper à son œil cyclopéen, gros rocher rond écarquillé au beau milieu d'un glacier étincelant. Ce regard minéral fixe la station.
Née juste avant guerre sur les alpages de Vénosc et Mont-de-Lans - d'où son nom «les Deux-Alpes» -, celle-ci s'étire à 1650 m d'altitude sur un plateau de 2 km de long. Ce n'est pas à proprement parler une belle des neiges mais, depuis quelque temps, elle met bon ordre dans son architecture, trop vite montée en graine dans les années 1970. Relégués sur les photos vintage, les disgracieux parallélépipèdes sous des toits à un pan. Bref, aujourd'hui, l'ensemble est plutôt plaisant, avec son joyeux front de neige en après-ski et sa grand-rue bordée d'une flopée de magasins, restaurants (près de soixante-dix) et bars ouverts tard en soirée.
Le 1er janvier 2017, cette station jeune, sportive et branchée est devenue une commune à part entière, officialisant ainsi 70 ans d'histoire entre Vénosc (960 m), le village de la vallée de Vénéon, relié au plateau par une télécabine, et Mont-de-Lans, skis aux pieds à 1200 m d'altitude. Naguère Vénoscains ou Lantillons, les 2200 habitants des Deux-Alpes sont désormais tous des «Bisalpins».
Tout là-haut sur le glacier, les Alpes vous appartiennent, offertes à 360°. Au nord, le Mont-Blanc (versant italien) flanqué des Grandes-Jorasses et, plus près, la triple flèche des aiguilles d'Arves savoyardes. Au sud, la Muzelle et l'aiguille de Vénosc en gros plan et, à l'horizon tout proche, la somptueuse barre des Écrins, pépite géante (plus de 4000 m) des Hautes-Alpes. À l'ouest, le spectaculaire Râteau de la Meije haut-alpin et, à l'est, retour en Isère, avec les massifs de Belledonne et du Vercors. Ce cours de géo est dispensé à tous, bons skieurs, débutants ou piétons. Accès par la télécabine du Jandri Express, relayée à 3000 m par un funiculaire souterrain, le Dôme Express. Creusé sous le glacier en 1989, ce métro des neiges est un ouvrage d'exception. Mais la nouveauté de l'hiver, c'est le belvédère des Écrins, une étroite passerelle métallique tendue au-dessus du vide (1400 m de «gaz» sous les chaussures de ski) à 3400 m d'altitude. Sensations garanties. Mais, là, approche par les pistes uniquement.
- Par Annie Barbaccia
- Publié le 19/01/2017 à 08:00
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